Michelin arrive au Québec : une étoile pour nos agriculteurs?

C’est officiel : le Guide Michelin débarque au Québec ce printemps. Une grande première qui fait déjà jaser dans les cuisines, les médias… et sur les marchés fermiers. Alors oui, c’est excitant pour les chefs, les restos, les foodies. Mais la vraie question, c’est : est-ce que cette reconnaissance internationale peut vraiment changer la donne pour nos agriculteurs et artisans locaux ?

Pas de cuisine d’exception sans agriculteurs

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Soyons clairs : un plat trois étoiles, ça commence par un ingrédient bien cultivé. Et ça, ce sont nos maraîchers, nos éleveurs, nos cueilleurs, nos fromagers, nos artisans du goût qui le rendent possible. Sans agriculteurs et agricultrices, il n’y a pas de cuisine.

Et pourtant, ce sont souvent les plus invisibles du système. Ces petites entreprises sont fragiles, sous pression constante : aléas climatiques, accès limité aux marchés, marges réduites, manque de relève. Beaucoup tiennent grâce à une passion dévorante… mais ça ne suffit plus.

Si le Michelin valorise vraiment la singularité des assiettes qu’il récompense, alors il devrait aussi encourager des chaînes d’approvisionnement locales plus justes, plus souples, plus humaines. Offrir plus de place à ceux qui nourrissent nos territoires, avec respect, saisonnalité et savoir-faire.

L’agriculture comme base de la culture

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On parle souvent de gastronomie comme d’un art. Mais sans agriculture, pas de culture. Maurice Béjart disait : « L’agriculture, c’est la base de la culture. » Et il avait raison.

Chaque recette, chaque ingrédient raconte une histoire, une région, une personne. C’est ce lien entre la terre et la table qu’on doit remettre au centre. Pas juste quand les rayons sont vides ou pendant une pandémie, mais tout le temps. La culture culinaire, c’est un investissement pour le futur du Québec.

Une opportunité bien plus large que la cuisine

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Faire du Québec une destination gastronomique internationale, ce n’est pas juste une belle ligne sur un guide touristique. C’est une opportunité économique sérieuse : plus de tourisme, plus de retombées locales, plus d’emplois dans les fermes, les restaurants, les marchés.

C’est aussi une occasion de tisser du lien : entre producteurs et chefs, entre villes et campagnes, entre nous tous. Et en prime, ça donne du sens à ce qu’on met dans nos assiettes.

Le chiffre qui fâche : 2,5%

Aujourd’hui, seulement 2,5% de notre alimentation vient de fermes de proximité. Le reste ? De l’industriel, même quand c’est "local". On est loin d’un modèle durable.

Pourtant, les petites fermes, elles, peuvent offrir une richesse incroyable : légumes anciens, élevages en plein air, produits transformés avec amour… Bref, ce que les chefs cherchent pour sortir du lot.

Mais pour ça, il faut qu’on les soutienne. En leur garantissant des débouchés. En valorisant leur travail. En les considérant comme des piliers, pas comme des fournisseurs interchangeables.

Bon pour la santé, bon pour la planète

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Manger local et fermier, c’est pas juste bon au goût. C’est meilleur pour notre santé, pour l’environnement, pour l’économie locale. Moins de pesticides, moins de kilomètres parcourus, moins de déchets. Et plus de souveraineté alimentaire.

Et les étoiles vertes, dans tout ça ?

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On a aussi hâte de voir apparaître les étoiles vertes du Michelin au Québec. Parce qu’au-delà du prestige culinaire, cette distinction célèbre les restaurants qui s’engagent concrètement pour une gastronomie durable. Moins de gaspillage, plus de saisonnalité, des circuits courts, du respect pour les produits… et donc, pour ceux qui les produisent.

L’étoile verte, c’est une façon pour Michelin de dire : "On regarde aussi comment vous cuisinez, pas juste ce que vous cuisinez." Et ça, c’est une excellente nouvelle pour les chefs qui collaborent avec des producteurs locaux, qui valorisent la biodiversité agricole, qui participent à construire un avenir plus responsable.

Ces chefs qui font briller les produits d’ici

Dans un article du Journal de Montréal, plusieurs chefs et restaurants québécois ont été identifiés comme de sérieux prétendants aux premières étoiles Michelin de la province. Parmi eux :

• Normand Laprise et son incontournable Toqué! à Montréal
• Antonin Mousseau-Rivard avec Le Mousso, haut lieu de créativité gastronomique
• Vincent Dion-Lavallée avec La Cabane d’à Côté, ode aux produits du Québec
• Les frères Schor avec Beba, qui réinterprètent les traditions culinaires avec des ingrédients locaux
• Frédéric Laplante et La Tanière³ à Québec, pour une expérience immersive axée sur l’identité culinaire régionale
• Mais aussi Restaurant Mélisse, Restaurant Mastard, Le Clan, Arvi, Chez Saint-Pierre de Colombe St-Pierre et Hoogan et Beaufort de Marc-André Jetté

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Les circuits courts au service de la gastronomie 

L’arrivée du Guide Michelin, c’est une chance. Mais seulement si on s’en sert pour construire quelque chose de durable. Si on remet les fermes de proximité au cœur du récit culinaire. Si on bâtit des partenariats forts entre la terre et la table.

Le Québec a le talent, la créativité, les produits. Il ne reste qu’à miser sur ce qui nous rend uniques : une culture culinaire vivante, fière, enracinée dans des pratiques humaines et respectueuses.

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Et si le vrai luxe en 2025, c’était de savoir qui a cultivé ce qu’on mange ?

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