Article publié le
28/3/2024
Enjeux

De lobbyiste pro-pesticides à directeur général de l'Ordre des agronomes du Québec

Une information révélée par le journaliste Thomas Gerbet sur Radio Canada le 25 mars 2024 suscite une vive controverse : Benoît Pharand, anciennement PDG du Réseau végétal Québec, une association comprenant des entreprises majeures de l'industrie agrochimique, a été nommé directeur général de l'Ordre des agronomes du Québec. Cette décision intervient à un moment crucial, alors que le gouvernement tarde à moderniser la Loi sur les agronomes, vieille de 50 ans, notamment en ce qui concerne l'indépendance des professionnels par rapport aux industries.

Cette nomination soulève des inquiétudes légitimes quant à la capacité de l'Ordre à protéger l'intérêt public. En effet, le passé de lobbyiste de Benoît Pharand et ses liens étroits avec l'industrie des pesticides laissent craindre des conflits d'intérêts qui pourraient compromettre l'objectivité et l'intégrité de l'Ordre.

Benoît Pharand était jusqu'à jeudi PDG du Réseau végétal Québec, une association d’une cinquantaine d'entreprises, dont Bayer, Corteva, Syngenta et Sollio, d'importants fabricants et vendeurs de pesticides au Québec. (Radio-Canada)

Mais au-delà des implications en matière de gouvernance, cette situation soulève des préoccupations plus larges en termes d'environnement et de santé publique. L'utilisation excessive de pesticides est depuis longtemps un sujet de préoccupation, avec des conséquences potentiellement désastreuses sur la biodiversité, la qualité de l'eau et la santé des populations.

Dans un contexte où les préoccupations concernant les effets néfastes des pesticides sur la santé humaine et l'environnement sont de plus en plus pressantes, il est impératif que les ordres professionnels comme l'Ordre des agronomes du Québec agissent dans l'intérêt public et maintiennent leur indépendance vis-à-vis des intérêts commerciaux.

De plus, le retard dans la modernisation de la Loi sur les agronomes par le gouvernement ne fait qu'aggraver la situation en compromettant la capacité de réglementation de la profession. Il est donc urgent que des mesures soient prises pour garantir que les intérêts publics priment dans la réglementation de l'industrie agricole et que les conflits d'intérêts potentiels soient évités à tout prix.

« Il est sidérant de voir l'ampleur des conflits d'intérêts, liés à l'industrie agrochimique au sein de l'Ordre des agronomes du Québec. Vivement une tutelle de cet ordre professionnel pour que le public soit enfin protégé.» Laure Waridel, écosociologue et activiste

Cette nomination controversée met en lumière la nécessité de garantir l'indépendance et la transparence dans la gouvernance des ordres professionnels, ainsi que l'importance de réglementer efficacement l'utilisation des pesticides dans le secteur agricole pour protéger la santé publique et l'environnement.

Lire l'article de Thomas Gerbet sur le site de Radio Canada

Thomas est passionné par l'agriculture et l'écologie. Il part à la rencontre des producteurs et des cuisiniers pour partager sa passion et vous faire découvrir les enjeux qui se cachent derrière l'assiette.